Analyse de la fiche d'inventaire par É. Hardouin-Fugier
Le torero Mazzantini reconduit à la frontière - 1895
L'inscription de la corrida à l'inventaire du Patrimoine Culturel français a donné lieu à une fiche d'inventaire. Cette fiche est brièvement apparue sur le site du Ministère de la Culture, avant d'être retirée, les fonctionnaires du Ministère ayant apparemment décidé que la discrétion ayant prévalu à la préparation de cette inscription gagnerait à être maintenue.
On peut la consulter ICI.
ÉLISABETH HARDOUIN-FUGIER, PROFESSEUR DES UNIVERSITÉS, a fourni une analyse de cette fiche d'inventaire. Avec son autorisation, nous en reproduisons ici le résumé, suivi d'un lien où nous avons mis cette analyse en ligne.
É. Hardouin-Fugier est Professeur honoraire d’Histoire de l’art à l'Université Jean Moulin Lyon 3. Elle est notamment l'auteure de plusieurs ouvrages et articles sur la tauromachie (qu'on trouvera à la fin de cet article).
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Ce texte vise :
1 - à fournir les phrases, entre guillemets en rouge, situées dans le texte de la fiche (désignée par RAPPORT), indiquées par leur page (en chiffres romains : IV) et leur ligne dans la page (IV, 10).
2 - à regrouper ces citations par thèmes, car les arguments sont très dispersés.
3 - à proposer, en caractères gras, une analyse de ces données, à la lumière des récentes investigations sur la corrida, indiquées dans la bibliographie.
I Une interprétation parmi d’autres
domine le RAPPORT. Cette vue poético-littéraire se réfère surtout (IV, 44 ; V, 9 ; X, 30) au Miroir de la Tauromachie de M. Leiris (1937), interprétation aujourd’hui supplantée par des discours de nature esthétique et écologique ou tout simplement une jouissance sexuelle intense, dont la nature sadique est parfois avouée.
II La corrida de muerte prétendue française
L’histoire de l’introduction de la corrida en France, présentée dans le RAPPORT, est faussée par sa concision. Naturaliser français un spectacle appelé Corrida de muerte est impossible : les éleveurs français de toros et les jeunes matadors, constamment évincés par les Espagnols, le savent bien. L’écologie, si vantée dans le RAPPORT, nie une évidence : les toros d’un seul éleveur ont suffi à transformer en désert les zones humides protégées de l’étang de Vendres (embouchure de l’Aude). Les chasseurs, jadis aficionados, sont devenus des plaignants, rejetés dès leur dépôt de plainte en justice.
Les enfants français méridionaux, constamment sollicités par la corrida, sont exposés à subir l’amputation de leurs sentiments d’empathie et la blessure de leur sensibilité. Michelito est exhibé en piste : il tue dix veaux à l’épée depuis l’âge de 5 ans. Les contribuables méridionaux financent malgré eux ces « écoles ». Désormais, à Nîmes, 70% des personnes souhaitent la suppression de la corrida.
III D’effroyables autopsies par les vétérinaires d’arène espagnols
Le RAPPORT évacue la technique, l’effet des quinze armes successivement enfoncées dans l’animal (d’estoc, non de taille). Les mots pique, banderille apparaissent une fois, sang, jamais, puntilla et descabello, jamais, mise à mort au sol, jamais. Les vétérinaires de la plus grande arène européenne (Madrid) autopsiant 90 taureaux, révèlent 3 coups de pique de 22 cm (= 66 cm) infligés à chaque taureau, sur la zone dorsale (emplacement visible dans toutes les photos de presse), et non plus sur le morillo comme l'indique le RAPPORT. Les mots de souffrance ou douleur n’apparaissent pas. De plus, une suspicion de conflit d’intérêt entache sérieusement la légitimité de la décision du Ministère d’inscrire la corrida au patrimoine, le haut fonctionnaire en charge de décision est juge et parti, et le rédacteur du RAPPORT apparenté à un éminent groupe d’intérêts (célèbre élevage espagnol).
Nous donnons enfin la parole à quelques journalistes qui s’expriment contre une décision prise au rebours des principes élémentaires de la démocratie.
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Consultez l'intégralité de cette analyse en ligne ICI.