Journée du 10 juin 2023 contre la corrida

Publié le par Vétérinaires Anti Corrida

Le 10 juin 2023, une journée nationale contre la corrida était organisée par plusieurs associations, au premier rang desquelles One Voice.
Ainsi, des rassemblements ont eu lieu dans 37 villes de France.
A Paris, une manifestation symbolique s'est tenue place de l'Hôtel de Ville, avec la participation de plusieurs organisations et de plusieurs élus/élues.

Parmi les intervenants, le Dr Laurent Étienne, au nom du COVAC, a rappelé notre point de vue.

 

Intervention de Laurent ETIENNE.
Place de l'Hôtel de Ville de Paris, le 10/06/2023.

Merci à tous d'être présents aujourd'hui.
Je suis un membre actif du COVAC et je voudrais m'exprimer en tant que praticien avec la plus grande objectivité et impartialité de par mon expérience en clientèle rurale et en chirurgie canine d'une part, et aussi grâce à des précisions sur le mécanisme de la douleur qu'un professeur de physiologie animale de l'Ecole Vétérinaire d'Alfort m'a apportées récemment.

Cet enseignant m'a confirmé notamment que les transmetteurs neurologiques et chimiques sont les mêmes chez tous les mammifères, qu'elles concernent la douleur ou pas. Vous avez tous entendu parler par exemple d'adrénaline ou de prostaglandines. Et bien ce sont les mêmes médiateurs chez les bovins et chez les humains. Autrement dit, les douleurs ressenties par un bovin en cas de blessures profondes seraient perçues de la même façon par un humain. Il ne faut donc pas penser qu'un animal tolère mieux la douleur que nous.
D'autre part, cet enseignant m'a rappelé que la peau est l'organe qui contient le plus de récepteurs nociceptifs, autrement dit sensibles à la douleur. Il est vrai que par expérience, il est impossible d'inciser la peau d'un bovin avant d'avoir fait à minima une anesthésie locale, et que les petits aiguillons électriques utilisés par certains éleveurs pour faire avancer les troupeaux de vaches sont très efficaces.

Ce qui diffère essentiellement c'est la manifestation de la douleur chez certaines espèces, en particulier les bovins ou les chevaux.
Alors que les carnivores, les chiens par exemple, vont à la fois pousser des cris et devenirs agressifs en cas de blessure profonde, et à ce propos, je vous déconseille d'approcher un chien blessé, un bovin ne va exprimer que de l'agressivité. Soit en donnant un coup de pied en cas d'agression par l'arrière, soit en donnant un violent coup de corne si c'est par l'avant. Et c'est exactement le but recherché par les toreros pour amplifier leur spectacle selon un protocole de sévices bien établi.
Le picador à cheval, au début, dans le premier tercio, va couper la peau du cou du taureau avec sa pique acérée et donc provoquer de l'agressivité de la part du taureau envers le cheval qui le porte en les chargeant violemment, au risque de le blesser malgré le caparaçon qui le protège.
Il va en outre chercher à sectionner les muscles et les ligaments du cou pour lui faire baisser la tête et le rendre moins dangereux pour les passes.

Les toreros et les péones vont ensuite, dans le deuxième tercio, planter deux banderilles qui sont en réalité des harpons de plusieurs centimètres dans le dos du taureau, qui vont provoquer de larges brèches cutanées et des dilacérations des muscles du dos, exacerbées par ses mouvements, et donc obtenir à nouveau de l'agressivité, puis deux autres banderilles, et encore deux autres après pour chercher ce qui lui reste d'agressivité qui masque sa douleur, et d'énergie chez ce pauvre taureau à bout de forces.
La suite vous la connaissez : le dernier tercio et l'estocade avec l'épée plantée dans le thorax à travers le cou qui est censée tuer le taureau et qui ne réussit que rarement du premier coup, obligeant le torero à recommencer une ou deux fois, et ensuite l'animal sera achevé avec une puntilla, sorte de poignard planté tant bien que mal entre le bulbe rachidien et la moelle épinière. Je vous laisse imaginer ce que ressent le taureau...
Il faut savoir qu'à ces blessures physiques s'ajoute le stress psychique intense d'un animal brutalement jeté dans une arène sans issue pour y être agressé violemment et sans la moindre raison par des hommes, qui quelques jours avant lui donnaient encore à manger.

Je voudrais revenir sur un argument fallacieux parfois avancé par les aficionados, à savoir l'existence de bêta-endorphine dans le sang des taureaux de combat qui supprimerait la douleur.
Cette molécule, que l'organisme sécrète afin d'atténuer un peu la souffrance aussi bien chez l'homme que chez le taureau, est au contraire le révélateur d'une intense douleur au préalable. Plus le taux de bêta-endorphine dosé dans le sang est élevé, plus cela signifie que la douleur était importante.
De même, l'argument de l'état de sidération évoqué parfois après une blessure grave et qui effacerait soit-disant la douleur est très fugace, de l'ordre de quelques secondes, et donc négligeable. On a cité des soldats atteints d'une très grave blessure qui ont pu courir quelques mètres pour se mettre à l'abri avant de s'évanouir de douleur.

La conclusion de tout cela est que, dans un pays d'un niveau culturel et scientifique comme le nôtre, la corrida, qui est une véritable torture pour les taureaux est une aberration totalement irrationnelle.
C'est à mes yeux et aux yeux de nous tous qui sommes là un cas de maltraitance animale caractérisée qui est puni très sévèrement par la loi, mais bénéficie hélas d'une scandaleuse dérogation dans quelques régions du sud de la France.
Elle est d'une intolérable cruauté pour l'animal et une honte pour l'homme qui la tolère. On a réussi à interdire les pitbulls et leurs combats. La corrida doit donc aussi être totalement et définitivement abolie.

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