Manifeste commun de l'AVATMA et du COVAC
Le COVAC a le plaisir de se joindre à l'AVATMA, l'association de confrères vétérinaires espagnols réclamant l'abolition de la corrida, pour lancer ensemble un manifeste visant à s'étendre à l'échelon européen.
(version espagnole : cliquer ici)
PARIS, 27 MAI 2016
Les spectacles taurins sanglants sont permis par la loi dans trois territoires du continent européen : sud de la France, Portugal et Espagne. En outre, ils sont encore présents dans quelques pays d’Amérique latine : le Mexique, l’Équateur, la Colombie, le Pérou et le Venezuela. Il s’agit sans aucun doute d’une activité qui implique pour les animaux utilisés, dont la plupart sont des bovins dits « de combat », une maltraitance animale, car elle provoque une souffrance physique et émotionnelle intense.
Le Collectif des Vétérinaires pour l'Abolition de la Corrida (COVAC) et l’Association des Vétérinaires pour l’Abolition de la Tauromachie et de la Maltraitance Animale (Asociación de Veterinarios Abolicionistas de la Tauromaquia y del Maltrato Animal, AVATMA) sont en complet accord, et réfutent énergiquement les études qui prétendent démontrer que le taureau ne souffre pas, en vertu d’une prétendue adaptation de l’animal à ce type de spectacle.
Les règlements taurins mentionnent spécifiquement les tâches assignées aux vétérinaires avant, pendant et après les corridas, lesquelles ne pourraient pas avoir lieu en leur absence.
En Espagne et dans une moindre mesure en France, une partie de notre profession soutient la présence des vétérinaires dans ces spectacles afin de garantir le bien-être des animaux, alors qu’il est évident que ce bien-être n’existe pas, conduisant de façon contradictoire à certifier qu’un taureau de corrida est en bonne santé, physiquement intègre et d’allure adéquate, afin qu'il soit maltraité jusqu’à la mort.
Nous sommes conscients qu’une majorité des vétérinaires est en désaccord avec la tauromachie et avec la participation de vétérinaires en tant que complices de son maintien, mais nous sommes aussi conscients du fait que ceux qui l’expriment ainsi de manière publique ne sont pas la majorité, au moins en Espagne.
Nous comprenons que nos instances représentatives doivent accueillir en leur sein tous les domaines où notre profession se développe, mais il est clair qu’il faut prendre des mesures pour commencer à ouvrir un débat au sein de notre profession sur l’incohérence consistant à soutenir certaines pratiques en conflit direct avec le bien-être des animaux. La collectivité vétérinaire ne peut pas donner un statut différent, en fonction des espèces et de la qualification des animaux en leur sein, à des pratiques impliquant objectivement leur maltraitance et générant chez eux des souffrances importantes.
On ne peut pas non plus justifier la tauromachie au motif qu’elle serait la seule raison d’être des animaux élevés pour cette activité dans ses diverses formes. Quand on parle d’éviter des « souffrances injustifiées », il est clair qu’on peut faire référence aux pratiques taurines, car la souffrance des bovins dits « de combat » peut et doit être évitée.
Nous savons que l’Union européenne, par le traité de Lisbonne, a également fait de la tauromachie une exception à la maltraitance des animaux justifiée sur la base des traditions, des coutumes, et des rituels, mais elle pourrait changer d’avis si un grand nombre de vétérinaires en France, au Portugal et en Espagne se manifestaient en faveur de la modification de cette exception, et si nous avions de plus le soutien d’autres organisations professionnelles, comme la Fédération Vétérinaire Européenne (FVE), qui se sont déjà clairement positionnées pour le bien-être maximal des animaux et le strict respect du code de déontologie de notre profession.
Le COVAC et l’AVATMA, réunis aujourd’hui à Paris, déclarent leur rejet de toutes les pratiques taurines sanglantes et condamnent le système d’exploitation de ces animaux dans les élevages où ils sont soumis à des pratiques contraires aux normes européennes en faveur du bien-être animal. Ils s’engagent à travailler conjointement à l’abolition de la tauromachie qu’ils considèrent comme un anachronisme au XXIème siècle et qui s’oppose frontalement au code déontologique de la profession vétérinaire.
Jean-François COURREAU, professeur émérite à l’ENVA, responsable du CEDAF (Centre d’Accueil de la Faune Sauvage de l’ENVA), cofondateur du COVAC (Collectif des Vétérinaires pour l'Abolition de la Corrida).
José Enrique ZALDÍVAR LAGUÍA, vétérinaire, président de l'AVATMA (Asociación de Veterinarios Abolicionistas de la Tauromaquia y el Maltrato Animal)
Merci à Animal Guardians (USA), et avec le soutien du CRAC Europe (France), de LTNEC (Espagne), du Réseau International Antitauromachie, d’ANIMAL (Portugal) et de PROTEC (France).