Colombie : la loi sur l'interdiction des corridas a été promulguée

Après son adoption par le Sénat et la Chambre des représentants, la proposition de loi a passé le cap de la procédure de conciliation, puis a été promulguée le 22 juillet 2024.

Comme nous le notions dans notre précédent article sur la proposition de loi colombienne pour l'interdiction de la corrida, en raison de quelques différences entre le texte adopté au Sénat puis le texte adopté par la Chambre des Représentants, il fallait franchir l'étape d'une procédure de conciliation avant le 20 juin. La commission de conciliation (l'équivalent d'une commission mixte paritaire en France) s'est mise d'accord sur un texte final, et celui-ci a été adopté en plénière par le Sénat le 5 juin, puis par la Chambre des représentants le 12 juin (avec 126 votes pour et 17 contre).

Restait la validation par le président de la République Gustavo Petro et sa publication au Journal officiel, ce qui a eu lieu le 22 juillet.

Cette ultime étape était simplement formelle, mais le président Gustavo Petro a tenu à en faire un événement médiatique mémorable, annoncé la veille dans un post X.

Cet événement qui a accompagné sa signature a eu lieu à l'Espace culturel de Santamaria (Plaza Cultural La Santamaria) de la capitale Bogota, c'est-à-dire les anciennes arènes de Santamaria (Plaza de toros La Santamaria). Ces arènes avaient déjà vu les corridas supprimées de 2013 à 2016 grâce à Gustavo Petro, à l'époque maire de la capitale, et les corridas y ont à nouveau disparu depuis juin 2021 grâce à des mesures adoptées par le conseil municipal.

Le président était accompagné de la vice-présidente Francia Márquez, de la directrice du département administratif de la présidence, Laura Sarabia, et de la ministre de l'Environnement, Susana Muhamad, ainsi que de plusieurs parlementaires qui ont soutenu l'initiative, à savoir Esmeralda Hernández, Juan Carlos Losada, Alejandro García, et Andrea Padilla. Des personnes engagées ont également pris la parole, comme la toute jeune fille Gabriela Ramírez pour le collectif Biófilos, et la journaliste pour enfants Luana Victoria Delgado.

Et plusieurs groupes musicaux ont contribué à la dimension festive de l'événement (IRA, Desarme, Chuco Marchán, Latin Latas).

Dans son discours, le président Gustavo Petro a insisté sur l'importance symbolique de cette loi dans un esprit de réconciliation avec la nature, mais également sur le lien entre les violences sur animaux et les violences entre humains. Il a aussi souligné que la séparation radicale de l'humanité et de l'animalité entretenait le cycle des discriminations raciales et leurs multiples abus, rejoignant en cela le point de vue exprimé à plusieurs reprises par Claude Lévi-Strauss.

En fin d'après-midi, le chef de l'État a donc signé le document de la loi communément baptisée "No más olé" ( "Fini les olé").

La loi a été publiée dans le Journal officiel de Colombie ce même 22 juillet, sous le titre "Loi 2385 de 2024 visant à contribuer à une transformation culturelle par l'interdiction des corridas, de la tauromachie à cheval, des novilladas, des becerradas et des tientas, ainsi que des procédures utilisées dans ces spectacles qui portent atteinte à l'intégrité des formes de vie non humaines".

Étant donné le caractère historique de cette loi, voici des liens pour consulter :
- le texte de loi tel que publié dans le Journal officiel colombien du 22 juillet 2024,
- sa traduction en français.