Les réactions après l'inscription de la corrida au PCI français
dessin de Chrib
La confirmation par le ministère de la Culture, de l'inscription de la corrida à l'inventaire du patrimoine immatériel français (PCI), a suscité ce que les taurins appellent une bronca, c'est-à-dire une énorme réprobation du public.
Suite aux articles sur le thème mis en ligne sur internet par les différents médias, les commentaires de protestations l'ont emporté largement. Et de nombreux citoyens ont également sans nul doute manifesté leur mécontentement auprès des instances ministérielles, par voie de courriers postaux, de mails, de formulaires internet, ou d'appels téléphoniques.
Suite aux articles sur le thème mis en ligne sur internet par les différents médias, les commentaires de protestations l'ont emporté largement. Et de nombreux citoyens ont également sans nul doute manifesté leur mécontentement auprès des instances ministérielles, par voie de courriers postaux, de mails, de formulaires internet, ou d'appels téléphoniques.
Du côté des organisations
Les représentants des associations opposées à la corrida ont exprimé leur point de vue sur les médias nationaux et régionaux, qu'ils s'agisse des télévisions, des radios ou des quotidiens.
Le CRAC Europe, qui avait déjà mis en ligne une pétition contre l'inscription de la corrida à l'UNESCO (laquelle va dépasser les 20 000 grâce à cette piqûre de rappel), a mis en place un site dédié à la réaction contre cette inscription à l'échelon français. Il y propose une pétition pour le retrait, oriente les protestations individuelles, fait le point sur l'actualité, et surtout coordonne l'organisation d'un rassemblement le 28 mai à 15 h place du Palais Royal à Paris, devant le ministère de la Culture, soutenu par de nombreuses organisations, grandes et petites.
La FLAC, qui s'était également montrée précurseur en publiant un manifeste de personnalités contre l'inscription de la corrida à l'UNESCO avant l'annonce de l'inscription française, relaie, informe, et participe à des actions communes.
L'Alliance Anticorrida a participé à une lettre ouverte adressée à Frédéric Mitterand, publiée dans Le Parisien-Aujourd'hui en France du 2 mai, co-signée avec elle par la Confédération des SPA, la Fondation Assistance aux animaux, la Fondation Brigitte Bardot, la Ligue française pour la protection du cheval, l'Oeuvre d'assistance aux bêtes d'abattoirs et la Fondation 30 millions d'amis.
Du côté des associations médiatiques, la Fondation Brigitte Bardot avait été l'une des premières à réagir, et la Fondation 30 millions d'amis propose aussi une pétition demandant le retrait de cette inscription.
La Fondation Droit Animal, Éthique et Sciences (LFDA) demande quant à elle au plus tôt un entretien avec les responsables de la Direction Générale des Patrimoines ou du Département du pilotage de la recherche et de la politique scientifique du Ministère de la Culture et de la Communication, chargés de l'inventaire du PCI dans le cadre de la Convention 2003 de l'UNESCO.
Enfin, plusieurs organisations exigent de la part du ministère les documents précis attestant de cette inscription, et bien entendu, au cas où l'administration se crisperait sur sa décision ubuesque, étudient les recours juridiques, tant au niveau national qu'au niveau du Conseil de l'Europe.
Les associations locales font souvent efficacement sur le terrain un travail d'intervention et de relais.
Signalons enfin, en plein coeur de cette polémique, la naissance fin avril d'une page Facebook d'opposition à la corrida, média incontournable à notre époque de réseaux sociaux virtuels : P.E.A.C.E.
Du côté des élus
La députée Muriel Marland-Militello a réagi le jour même de l'annonce.
Le Groupe d'études "Protection des animaux" de l'Assemblée nationale a émis le 28 avril 2011 un communiqué qui a largement fait écho dans les médias.
Une cinquantaine de députés membres de ce Groupe d'études, de tous bords, ont demandé ainsi au ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, le "retrait immédiat" de l'inscription de la corrida au patrimoine culturel immatériel national.
Geneviève Gaillard (SRC), présidente de ce Groupe d'études, avec Muriel Marland-Militello (UMP) et Armand Jung (SRC), vice-présidents, "s'indignent", dans ce communiqué, "contre une telle reconnaissance vis-à-vis de ce qui demeure une exception scandaleuse et fragile à la pénalisation des cruautés et sévices faits aux animaux en France".
Parmi les "Questions Écrites", procédure simplissime couramment employée par les députés, 3 QE pertinentes destinées au ministre de la Culture ont été publiées dans le JO du 3 mai :
- Anny Poursinoff demande dans sa QE au ministre de "de revenir sur sa décision" ;
- Muriel Marland-Militello demande dans sa QE "pourquoi cette information a été tenue secrète pendant trois mois" ;
- Muriel Marland-Militello demande dans une autre QE au ministre "ce qu'il entend faire en tant que ministre de la culture "
Côté Sénat, il faut noter, dans cette actualité, le dépôt le 5 mai par Roland Povinelli, sénateur socialiste des Bouches-du-Rhône, de la proposition de loi (PPL) n° 493, bientôt mise en distribution (= diffusée), dont l'objet vise à punir, sans exception, les sévices graves envers les animaux domestiques, apprivoisés, ou tenus en captivité.
Il s'agit en fait d'une PPL parfaitement analogue à celle déposée par Muriel Marland Militello et de Geneviève Gaillard en juillet 2010, et visant par conséquent à supprimer les dispositions dérogatoires permettant les corridas et les combats de coqs.
Cette nouvelle PPL est la bienvenue pour deux raisons :
- elle est accessible aux sénateurs, alors que la PPL de MMM & GG concerne donc les députés ;
- elle est déposée par un sénateur socialiste, alors que J-M Ayrault, chef du Groupe socialiste à l'Assemblée, bloque depuis juillet dernier les signatures socialistes susceptibles de rejoindre la PPL de MMM & GG. Devant l'absence de réponse de ce dernier à notre lettre, nous sommes d'ailleurs en droit d'émettre des hypothèses. À savoir que M Ayrault ne voulait pas porter tort à cette affaire d'inscription au PCI, vu que les présidents de la région PACA (le socialiste Michel Vauzelle) et de la région Languedoc-Roussillon (le socialiste Christian Bourquin) sont deux tauromaniaques acoquinés avec André Viard, président du lobby tauromachique appelé ONCT, et promoteur auto-proclamé de cette inscription au PCI.
Reste à espérer que le président du Groupe socialiste à la Haute Assemblée, Jean-Pierre Bel, n'aura pas la même posture bassement clientéliste (mais électoralement absurde) que son homologue du Palais Bourbon.
En conclusion : restons mobilisés.