LE PARLEMENT DE CATALOGNE A ABOLI LA CORRIDA !

Publié le par Vétérinaires Anti Corrida

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En cette matinée du 28 juillet 2010, le Parlement catalan a voté, par 68 voix contre 55 (et 9 abstentions), l'abrogation de l'article 6 de la loi de protection  animale qui tolérait les corridas. Celles-ci vont donc s'effacer complètement du paysage catalan début 2012, au terme d'un moratoire technique destiné à la reconversion de la filière taurine, laquelle à présent va pouvoir mobiliser toute son énergie à revendiquer des indemnisations.
 
La Monumental, les arènes de Barcelone, avec 20 000 places, sont les deuxièmes arènes d'Espagne après Las Ventas de Madrid. Elles n'accueilleront plus que des spectacles culturels dignes de ce nom. La Catalogne, déjà destination touristique espagnole majeure, va développer par cette décision son attrait vis à vis de la plupart des pays étrangers, et nul doute que son économie y trouvera en définitive son compte.
 
Rappelons que l'Espagne est constituée de 17 régions administratives dites "communautés autonomes", qui disposent donc d'une certaine autonomie. Avec 7,5 millions d'habitants, la Catalogne est la deuxième en termes démographiques.

En Catalogne, une procédure législative, l'Initiative Législative Populaire (ILP), permet de mettre des questions à l'ordre du jour du Parlement, dès lors que sont recueillies les signatures validées d'au moins 50 000 signatures de citoyens. Ainsi, le collectif PROU ("Assez") avait lancé fin 2008 une pétition pour la suppression de la dérogation à la loi de protection animale qui, comme en France, permet les corridas. Cette ILP avait recueilli plus de 180 000 signatures courant 2009, et permis le 18 décembre 2009 l'approbation par le Parlement catalan du principe d'un vote.

Le mouvement anti-taurin avait déjà fait du chemin en Catalogne. L'accès des arènes y est interdit au moins de 14 ans depuis 2003, et quelque 70 villes s'y sont déjà déclarées anti-corrida (dont Barcelone depuis 2004).

Avec le vote historique de ce jour, la Catalogne devient la deuxième région d'Espagne à interdire la tauromachie, après l'archipel des Canaries qui l'a fait en 1991.
  
Aux Canaries, cette spécificité insulaire avait peu fait parler d'elle (quoique les Canaries comptent 2 millions d'habitants). Le vote catalan, lui, fait grand bruit, eu égard au poids démographique, économique, culturel et touristique de la Catalogne. Eu égard aussi à son contexte politique, à savoir les revendications indépendantistes.
Mais si certains tentent déjà de réduire les résultats de ce vote à un règlement de compte politique, le collectif PROU a au contraire toujours clairement insisté sur le fait que les positions devaient se déterminer en dehors de toute considération politique. Et, quand bien même des considérations politiques seraient pour partie intervenues, il n'est évidemment pas anodin que les partisans de l'identité catalane jettent l'opprobre sur la corrida plutôt que sur le gaspacho ou le flamenco. Enfin, les partisans de la corrida devraient se souvenir qu'en France, c'est par opposition identitaire au pouvoir central que certaines zones du sud de la France ont à l'inverse défendu la pratique (illégale jusqu'en 1951) de la corrida.

Le seul parti de Catalogne qui se soit positionné sans ambiguité en faveur de la corrida est le Partido Popular, le parti de droite. Dans d'autres communautés où il est majoritaire, comme celles de Madrid, de Valence et de Murcie, ce parti a mis en place début mars 2010 une procédure de déclaration de la corrida comme "bien d'intérêt culturel" (BIC) pour tenter de la protéger d'initiatives similaires.

Il n'empêche qu'à Madrid, une manifestation a réuni des milliers de personnes (20 000 selon les organisateurs) le 28 mai dernier, et plus de 50 000 signatures y sont d'ores et déjà rassemblées en vue d'une ILP.
Et il n'empêche que la corrida est en perte de vitesse dans toute la péninsule ibérique comme en France : le nombre de corridas va décroissant, cependant que les sondages attestent d'une perte d'intérêt, notamment chez les plus jeunes.

En réaction à ce vote, les taurins crient bien entendu à l'atteinte à la liberté. André Viard, le président du lobby taurin français, l'"Observatoire des Cultures Taurines", pressentant la défaite, invoquait déjà sur son blog voici quelques jours comme à son habitude le "terrorisme" et le "fanatisme" des opposants à la corrida.
Nous nous contenterons de rappeler que la loi française situe la corrida, fût-ce sur le mode dérogatoire, parmi les "sévices graves ou actes de cruauté envers les animaux". On voit bien de quel genre de liberté les passionnés de la corrida se revendiquent. Et leur façon stéréotypée de traiter leurs contradicteurs de terroristes et de fanatiques est d'autant plus inquiétante.

Ce vote en tout cas constitue un signal aux hommes politiques espagnols, mais aussi français, et doit inciter ces derniers à prendre en compte la proposition de loi déposée le 13 juillet dernier par deux députées françaises de la majorité et de l'opposition, Muriel Marland-Militello et Geneviève Gaillard, et déjà co-signée par 58 députés. 
 
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Publié dans Événements

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