André Viard et Charlie Hebdo
Le porte-parole de la corrida en France, André Viard, a commis publiquement un sidérant dérapage.
André Viard (R. Lahana® )
Charlie Hebdo a toujours été opposé à la corrida, et ses dessinateurs ne se privaient pas de le faire savoir.
Bien entendu, ceci n'a rien à voir avec les raisons du massacre du mercredi 7 janvier 2015.
Tous les Français, et tous les citoyens civilisés du monde, se sont rejoints pour condamner cette tuerie.
En la circonstance, conscients de vivre une situation où l'ensemble des républicains doivent faire front, les partisans de la corrida avaient donc presque tous choisi de mettre ce clivage de côté.
Presque tous, sauf un.
Et pas n'importe qui : celui qui se présente comme le porte-parole de la corrida en France, André Viard.
Il s'agit du responsable de la revue et du website Terres Taurines, et surtout du président de l'Observatoire National des Cultures Taurines (ONCT), l'association qui se targue d'être à l'origine de l'inscription de la corrida à l'inventaire français du patrimoine culturel immatériel.
C'est sur le compte twitter de Tierras Taurinas, le site hispanophone de Terres Taurines, qu'il s'est exprimé le vendredi 9 janvier 2015 en début de journée :
Si vous comprenez l'espagnol, vous avez bien lu.
Deux terroristes ont abattu douze personnes au fusil d'assaut en plein Paris, suscitant l'effroi de la communauté nationale et internationale, et, alors qu'ils étaient encore en fuite, le président de l'Observatoire National des Cultures Taurines écrit :
« Charlie est le journal le plus violent qu'il y a eu en France.
Par exemple, son œuvre antitaurine.
anticorrida.com
Je ne suis pas Charlie. »
La presse régionale s'en est émue.
André Viard confirmait sur sa page Facebook à un aficionado s'indignant de cette déclaration :
« C’est vous qui ne comprenez rien. Libre à vous de bêler avec le troupeau avec ces “Je suis Charly” ridicules répétés par des gens qui les méprisaient pour leur violence récurrente. Cette violence qui en appelle d’autres mais que l’on voudrait aujourd’hui faire passer pour de la liberté. Or, la liberté est elle aussi de choisir les valeurs auxquelles on adhère : la bêtise méchante revendiquée par ce journal ne fait pas partie des miennes, ni leur islamophobie galopante. Soyez donc indigné, mais pour de bonnes raisons. »
Bien sûr, rappelé à l'ordre par des collaborateurs de l'ONCT disposant de quelques neurones de plus que lui (le contraire serait difficile à trouver), André Viard a rétropédalé dans la semoule, le lendemain sur son compte Twitter, puis le surlendemain par un communiqué. Entre-temps l'Observatoire National des Cultures Taurines avait publié en catastrophe un communiqué assurant Charlie de son soutien...
Mais la déclaration initiale abjecte du président de l'ONCT lui collera dorénavant à la peau.
Et à la peau de ceux que se réclameront de lui.