Un Oscar pour la corrida ?
Le film espagnol proposé cette année aux Oscars d'Hollywood est une oeuvre qui célèbre la corrida, et durant son tournage, sauf preuve du contraire, des taureaux ont été blessés puis tués.
Nous invitons à signer une pétition, demandant au comité qui va nominer les meilleures oeuvres cinématographiques étrangères de ne pas retenir ce film.
Le long métrage « Blancanieves » (Blanche Neige) est une libre adaptation du conte des frères Grimm dans l’Espagne des années 20. Ce film muet en noir et blanc a été choisi pour représenter l’Espagne, à Hollywood, pour l’Oscar (Academy Awards) du meilleur film étranger sorti en 2012. La nomination des 5 finalistes retenus sera dévoilée le 10 janvier 2013, et l'attribution du trophée aura lieu le 24 février.
Après tout, on peut comprendre que le succès de « The Artist » inspire le monde du cinéma ibérique, et on pourrait être intéressé par un « Blanche Neige » plus proche de Tod Browning que de Walt Disney.
Le problème est que ce film est un hommage à la corrida, sur un mode d’autant plus efficace qu’il est décalé. Il s’ouvre par une scène dans les arènes, où le père de Blanche Neige/Carmen, matador héroïque, est spectaculairement malmené par un taureau au moment de l’estocade, et en restera paralysé. Ceci ne l’empêchera pas d’éveiller sa fille aux rudiments de la corrida. Blanche Neige fuira sa dangereuse marâtre pour se retrouver avec sept nains… toreros itinérants. Elle deviendra elle-même une torera, et, lors de son alternative, le taureau sera grâcié. La boucle est bouclée : le taureau a estropié son père, mais la fille grâcie le taureau. La bête est une créature brute, l’homme est une créature spirituelle.
Et la réalité du tournage fait encore plus polémique. La production reconnaît avoir utilisé 9 taureaux, mais qui n’auraient pas été maltraités. Cependant, les associations de défense animale regroupées dans la Plateforme « La torture n’est pas une culture » ont assez d’arguments pour dire que durant le tournage des scènes taurines, dans les arènes d’Aranjuez, en juin 2001, fermées pour l’occasion au public, les taureaux auraient subi la pique et les banderilles, puis auraient été achevés dans l’ombre du toril. Une plainte a été portée devant la juridiction administrative de Madrid, notamment au titre de la loi 1/1990, qui réprime en tant qu’infractions très graves le tournage de scènes avec des animaux comportant cruauté, mauvais traitement ou souffrance, et de la loi 32/2007, qui réprime en tant qu’infractions très graves l’utilisation d’animaux entraînant la mort pour des tournages cinématographiques.
Des arguments plus détaillés nous sont fournis (en espagnol) sur son site, par notre confrère vétérinaire José Enrique Zaldívar.
Ainsi, le 2 octobre il interpelle Pablo Berger, le réalisateur du film : « Où sont les neuf taureaux, Monsieur Berger ? »
Et il se livre le 4 octobre à l’analyse d’images du film : « Interprétons quelques images du film Blancanieves »
Les associations espagnoles multiplient protestations et rassemblements. On peut consulter en fin du 1er article de JE Zaldivar l’abondante revue de presse qui rend compte de ces protestations.
Le palmarès des Oscars étant un enjeu international, et le 7ème Art étant avant tout destiné au grand public, nous devons réagir dans tous les pays.
Les pétitions et les sites Facebook ad hoc fleurissent.
Nous vous proposons cette pétition mise en ligne par le CAS, organisation internationale d'opposition à la corrida, à destination des membres du comité chargé de la nomination des 5 films étrangers éligibles pour le trophée :